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Psaume 1 : «Heureux l'homme»
(Extraits choisis du livre LE DÉSIR DE DIEU – Prier les psaumes, Cardinal Martini (pp.21-30)
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Nous savons que les psaumes sont les prières du peuple de Dieu, mais celui-ci – qui est le premier – n'est pas une prière mais une exclamation, une béatitude :  «Heureux l'homme».

 

C’est une béatitude : « Heureux l’homme qui ne suit pas le conseil des impies » : elle correspond aux béatitudes de ceux qui entrent dans le Royaume : « Heureux vous les pauvres, heureux ceux qui ont faim et soif de justice ... » . Et il faut la rapporter aussi à la béatitude de Marie :  « Heureuse toi qui as cru » ; ou encore à la béatitude de l'écoute de la Parole de Dieu proclamée par Jésus : « Bienheureux ceux qui écoutent la Parole de Dieu et la mettent en pratique. » (pp. 21-22)

 

L'exclamation de ce psaume découle d'une intuition profonde au sujet de l'homme. On dirait presque une introduction anthropologique à tout le psautier : il a été mis au début, précisément comme un avant-propos à toutes les prières du psautier, pour indiquer ce qu'est l'homme, quel type d'homme est celui qui prie. Nous devons donc le lire en gardant cette question : quel est ce type d'homme reconnu comme heureux, c'est-à-dire réussi ? Naturellement, une autre question suit immédiatement : pouvons-nous nous comparer à ce type d'homme, notre société, notre vie peuvent-elles se comparer à ce type d'homme? 

 

En portant ces questions en nous, lisons donc le psaume. Il est très simple, il semblerait presque trop simple, s'il n'était en réalité un résumé de la sagesse juive, une synthèse de ce qu'est aux yeux du  judaïsme l'homme face à Dieu et face à l'histoire. (p.22)

 

Psaume 1

Heureux l'homme qui ne suit pas le conseil des impies,

ni dans la voie des pécheurs ne s'arrête,

ni au siège des railleurs ne s'assied,

mais se plaît dans la loi du Seigneur,

mais murmure sa loi jour et nuit!

Il est comme un arbre planté près des ruisseaux ;

qui donne son fruit  en la saison,

et jamais son feuillage ne sèche;

tout ce qu'il fait réussit.

 

Pour les impies rien de tel !

Mais ils sont comme la baie qu'emporte le vent :

ainsi, les impies ne tiendront pas au Jugement,

ni les pécheurs à l'assemblée des justes.

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Car le Seigneur connaît la voie des justes,

mais la voie des impies se perd.

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Lectio du psaume 1

Le psaume se divise facilement en trois parties.

– La première (v. 1-3) est un portrait de l'homme qui vit selon la justice. Elle dit avant tout qui est le juste (c'est celui qui ne fait pas certaines choses et en fait certaines autres), puis elle décrit ce juste par une comparaison : l'arbre au bord du ruisseau.

– La deuxième (v. 4-5) présente le tableau opposé, le portrait de celui qu'on appelle l'impie: à quoi peut-on le comparer, quelle est sa destinée?

– La troisième partie (v. 6) nous dit en conclusion comment Dieu agit envers l'un et l'autre.

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Lisons maintenant les divers versets, en cherchant à saisir ce qu'ils nous disent par leurs images. Ils exposent avant tout l'idée que le psalmiste se fait de l'homme juste : c'est un homme défini par trois réalités négatives et deux réalités positives. Les négatives sont : il ne suit pas le conseil des impies, il ne s'engage pas dans la voie des pécheurs, il ne s'assied pas au siège des railleurs; voilà trois choses que le juste ne fait pas. 

Ce n'est peut-être pas aussi clair dans la traduction, mais dans le texte hébraïque ces trois choses sont décrites par trois mouvements fondamentaux de l'homme, saisi dans sa structure physique: la marche, la stature debout et assise. Voilà trois positions dans lesquelles l'homme peut se comporter de manière négative. Et notez bien comment est décrire cette triple modalité négative : non comme une chose que l'homme ferait pour lui seul ; ce serait le cas si l'on disait: heureux l'homme qui ne marche pas dans la voie du mal, ou qui ne s'arrête pas pour faire le mal, ou qui ne s'assied pas pour méditer le mal. L'homme, ici, n'est pas présenté de façon individualiste , mais en relation : « Heureux l'homme qui ne suit pas le conseil des impies, qui ne s'engage pas dans la voie des pécheurs, qui ne s'assied pas au siège des railleurs. » Autrement dit, l'homme est décrit à la fois dans la totalité de sa structure physique et dans la totalité de son être avec les autres en société. Ce comportement de refus de l'homme s'inscrit dans une société, dans une mentalité, dans une culture, dirions-nous aujourd'hui, de signe négatif. Voilà ce que le juste n'est pas : c'est l'homme qui ne se laisse pas séduire par une mentalité, une culture, une atmosphère, une vision du monde, une forme de pensée de signe négatif, injuste, insensée. 

Les deux versets suivants, en revanche, décrivent positivement ce qu'il est. Et il est intéressant de noter que cette description n'est pas ce que nous aurions imaginé à première vue. Positivement, on pourrait penser que le juste est celui qui exerce la justice, vit l'expérience de la charité, sert son prochain, prie Dieu ... Or, ici, le juste est décrit à travers une situation beaucoup plus fondamentale: il est situé en relation à ce qu'il aime.

La traduction dit: « il se plaît dans la loi du Seigneur » ; le texte hébraïque est plus fort : « sa joie est dans la loi du Seigneur »; autrement dit la loi du Seigneur, voilà ce qu'il aime, ce qu'il privilégie, ce qu'il a choisi; c'est son choix de prédilection, c'est son choix de vie. 

L'homme est décrit en relation avec ce qu'il aime, ce à quoi il pense jour et nuit: voilà bien le langage de l'amour ; quelque chose est entré dans le cœur et dans l'esprit de cet homme et n'en peut plus sortir. Il médite la Loi jour et nuit; et le mot choisi pour traduire cette méditation est un geste corporel : le murmure, le mâchonnement des mots avec les lèvres. L'idée est donc celle d'un homme qui, jour et nuit, savoure la Loi, en fait quasi sa nourriture. Il nous semble voir ici ces figures vénérables de rabbins qui, de façon presque ininterrompue, répètent par cœur la loi du Seigneur. Telle est la description du juste, en fonction de ce qu'il ne fait pas et de ce qu'il fait, ou mieux, selon ce qu'il aime et qui lui tient à cœur, selon ce qu'il porte toujours avec lui: la loi du Seigneur, qu'il médite jour et nuit sans interruption ; il n'est pas de moment où il ne soit amoureux de la Loi. 

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Cet homme est décrit ensuite par une comparaison: celle d'un arbre planté sur le bord d'un ruisseau, qui donnera du fruit en son temps. Cette image nous apparaît presque banale; mais nous savons qu'en Palestine les cours d'eau sont maigres et qu'un arbre planté le long de l'eau est un luxe, une chose assez rare, et qu'il s'agit donc d'une situation exceptionnellement favorable. Cet arbre planté le long d'un ruisseau plonge ses racines dans une terre irriguée, et c'est pourquoi il suit le rythme de production des saisons. Il donnera du fruit à la saison et ses feuilles ne tomberont jamais. Autrement dit, il ne connaîtra pas une floraison suivie du dépérissement saisonnier: il est sempervirent. Cette comparaison est ensuite ainsi résumée: « tout ce qu'il fait réussit ». Voilà donc un homme qui mène à bien tout ce qu'il entreprend ou, selon une version plus proche de l'hébreu : « toutes ses œuvres, Dieu les fait réussir». Évidemment pas au sens d’un succès immédiat, mais au sens où, dans le Notre Père, nous demandons par les mots « que ton règne vienne » ce royaume qui viendra infailliblement. Celui qui a mis son amour dans la Loi ne sera pas déçu, tout ce qu'il fait se situe sur la bonne voie, celle de la construction du Royaume et, guidé par cet amour intérieur, il n'aura à se repentir de rien de ce qu'il aura fait. Telle est la première partie du psaume. 

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La deuxième, en revanche, décrit par opposition l'impie, celui qui ne pratique pas la justice. « Ils sont comme la baie qu'emporte le vent » : l'image est celle d'hommes qui ne réussissent pas à construire, qui voient les choses leur échapper des mains, parce qu'ils ne peuvent rien retenir. L'image pourrait même rappeler plus lointainement encore la dispersion des hommes qui tentent de bâtir la tour de Babel pour arriver jusqu'au ciel. Par cette tour, ils tentent de se faire un nom, mais leur confusion intérieure les disperse et ils ne peuvent donc réussir à bâtir une ville, à faire l'unité . « Ainsi, les impies ne tiendront pas au jugement » et ici l'allusion vise probablement le Jugement dernier, le jugement sur l'histoire. Celui qui se trouve dans la catégorie des impies ne construit pas dans l'histoire, parce que le jugement sur l'histoire le trouvera dépourvu. 

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Le psaume s'achève par une parole récapitulative : « Le Seigneur connaît la voie des justes » qui relève la connaissance amoureuse, la tendresse de Dieu sur la voie de l'homme juste ; alors que la voie de l'impie n'est pas décrite comme sujette à la colère de Dieu, mais simplement comme quelque chose qui ne réussit pas, qui ne débouche sur rien, qui se perd. 

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Telle est la lecture immédiate du psaume : comme vous le voyez, il est très simple dans son expression, même s'il contient des symboles que l'antiquité chrétienne reprendra ensuite avec soin. Dans la tradition chrétienne, ces ruisseaux sont le signe de l'Esprit de Dieu, et l'arbre planté au bord de l'eau est l'homme, qui plonge ses racines dans l'eau vive de l'Esprit. 

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Un auteur chrétien ancien, se référant à ce psaume, parle du bois de la croix comme de l'arbre sur lequel l'homme porte du fruit. Le symbolisme de ce psaume s'élargit donc de façon directe au baptême: c'est l'homme immergé dans l'eau baptismale qui porte le fruit de la vie selon Dieu. 

Le psaume, dans sa formulation, ne fait preuve d'aucune élévation lyrique, c'est plutôt une description sapientielle : mais la sagesse des mots est due à la profondeur de l'intuition qui commande toute cette exclamation unique qu'est le psaume lui-même. 

 

L'existence humaine est un choix

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Demandons-nous maintenant, après avoir lu et relu le psaume, quel est ce discours sur l'homme, cette introduction anthropologique à tout le psautier : qui est exactement cet homme appelé juste, qui est exactement celui nommé impie?

 

Notons que ce discours anthropologique sur l'homme se distingue de tout discours purement évolutif. C'est un discours dramatique, parce que c'est le discours de l'homme qui, du bien, évolue vers le mieux; c'est un carrefour, un choix, un discours profondément éthique, moral. L'homme suit une voie ou une autre ; il est sans cesse confronté à des décisions sérieuses qui ont des conséquences dramatiques pour lui, pour sa vie et pour la vie du monde. 

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L'aventure humaine ne passe pas d'une expérience à l'autre: cette aventure va d'une décision à l'autre, et toute décision engage l'avenir de l'homme. Ce psaume est pénétré d'un sens dramatique de l'existence humaine, qui est un choix. Un choix qui peut être erroné, et définitivement ; un choix où l'homme joue sa propre vie, son avenir, son humanité. L'homme se fait ou se détruit par ses décisions; il est confronté à des décisions constructives ou destructrices pour soi et pour les autres ; personne n'échappe à cette dramatique réalité.

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Tel est donc le sens du discours anthropologique introduisant aux psaumes, qui sont précisément marqués par ce drame du bien et du mal, de l'amour et de la haine, de la lumière et des ténèbres, de la vérité et du mensonge, entre lesquels l'homme est continuellement appelé à choisir. 

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Après avoir relevé la dimension dramatique de l'anthropologie sous-jacente à ce psaume, nous pouvons nous demander qui est l'impie, ou le pécheur, dont on nous parle ici. La première application que nous pourrions faire se situe au niveau moral: le juste est celui qui fait le bien ; le pécheur est celui qui vole, tue, violente, exploite son prochain, sème la division et la haine ; le juste est celui qui sert son frère, pardonne, aime, prie, adore. Nous pourrions donc ramener la double description au niveau moral, et cela fait certainement partie aussi de l'optique du psaume.

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Mais nous avons vu que, dans la description des premiers versets, le point de référence est plus élevé: l'homme est décrit non en relation à sa conduite morale, mais en relation à ce qu'il aime !

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Qui est alors le juste ? C'est l'homme qui vit de la Parole de Dieu, l'homme qui a choisi pour amour la Loi, la Loi entendue en tant que Torah, c'est-à-dire proclamation de ce que Dieu est pour l'homme et de ce que l'homme est appelé à être dans la Parole de Dieu. En réalité, donc, ce psaume décrit la béatitude de l'homme qui a compris qu'un simple effort de perfection morale ne suffit pas à le faire advenir à lui-même : il y faut la référence à la Parole de Dieu, se laisser nourrir par la Parole, se laisser immerger dans la Parole comme les racines de l'arbre dans l'eau. La référence à la joie de l'homme est cette capacité de méditer la Parole, de s'en nourrir jour et nuit sans interruption, en embrassant la totalité de sa propre expérience, sachant qu'aucun aspect de l'expérience n'est étranger à la Parole de Dieu et au message de cette Parole.

 

L'homme ici appelé heureux, réussi, c'est l'homme qui a compris que le seul fait de se construire et de se gérer lui-même ne le conduira pas à se sentir juste et vrai : il faut accueillir la Parole d'amour que Dieu lui adresse. Cette Parole me révèle à moi-même qui je suis ; à quoi je suis appelé ; quelle est la grandeur de ma vocation; quelle est l'espérance à laquelle ma vie est confiée ; quelle est l'espérance du monde. L'homme qui a saisi cela est le juste, c'est-à-dire l'homme qui vit une vie morale. La morale de l'homme est donc liée à sa capacité à se laisser interpeller par cette Parole qui l'a créé et qui l'explique au plus profond de lui-même.

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Qui donc est l'autre homme, le « non-juste »? C'est celui qui ne parvient pas à saisir la primauté de la Parole, qui ne réussit pas à comprendre quels horizons s'ouvriraient à sa propre vie s'il savait accueillir la Parole de Dieu ; il n'est pas juste en ceci qu'il refuse la Parole. 

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Bien entendu, la Parole a de multiples moyens d’atteindre le cœur de l'homme; y compris des moyens qui ne sont pas extérieurs, mais l'appellent de l'intérieur à la vérité, à la justice, au don de soi. Toutefois, l'homme se qualifie toujours par sa capacité à sortir du champ clos de l'égoïsme, et à accueillir la Parole qui l'invite à se donner en dehors de lui-même. Un homme se qualifie ainsi non par une morale des œuvres, mais par une morale des fruits, il est « l'arbre planté près des ruisseaux qui donne son fruit en la saison » ; ce n'est pas l'homme qui pose seulement des actes extérieurs en vertu d'une disposition intérieure, mais celui qui fleurit et fructifie, c'est-à-dire l'homme dont l'action est l'extension aimante, raisonnable et vraie de lui-même. 

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Cet homme-là est pleinement authentique, et la société ainsi formée est la société authentique, la société qui porte du fruit en ce sens qu'elle ne construit pas seulement des choses, mais édifie de l'intérieur des comportements, des façons d'être. 

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Telle est la morale de l'homme qui écoute la Parole, la morale qui porte du fruit en son temps, autrement dit qui fait mûrir longuement la voie de l'homme, selon son temps de développement, selon une réalité qui suit l'harmonie cosmique et aussi l'harmonie intérieure. 

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Telle est l'image de l'homme et de sa morale que nous donne le psaume. 

 

La Parole de Dieu dans notre vie
 

Nous pouvons alors nous poser des questions. J'en suggère deux, sur lesquelles nous pourrions réfléchir, en priant Dieu qu'il nous éclaire tous par sa Parole. 

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Première question : est-ce que je vis vraiment de la Parole de Dieu ? En d'autres termes, la Parole est-elle quelque chose qui me remplit le cœur, qui me nourrit, ou bien m'est-elle encore extérieure et lointaine? Si nous nous interrogeons à fond, nous verrons que la Parole est beaucoup plus proche de nous et de notre vie que nous ne pouvons le dire ou le décrire d'emblée. Mais notons aussitôt qu'à la question : est-ce que je vis de la Parole? on ne peut donner de réponse générale, il faut donner une réponse spécifique: dans ma vie, quel est le temps que j'accorde à la Parole? 

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Rappelons que le psaume nous dit : « il murmure sa loi jour et nuit » ; or, si j'observe le rythme de ma vie quotidienne, jour et nuit, quel est le temps que je donne à l'écoute de la Parole, et quel est au contraire le temps que j'accorde à ce qui disperse, « comme la baie qu'emporte le vent », à tout ce qui est dissipation? Demandons-nous sérieusement combien de temps nous pouvons soustraire sans aucun dommage à tout ce qui est écoute sans discrimination, regard sans discrimination, télévision, perte de temps sans but précis, pour se consacrer au contraire à l'écoute et à la lecture de la Parole. Sans ce temps-là, il est clair que nous ne vivons pas de la Parole, et que celle-ci n'exerce donc pas en nous cette force dont il est question ici. Vivons-nous de la Parole? Quel temps donnons-nous à l'écoute de la Parole? Quel temps voulons-nous donner le matin, le soir, le jour et la nuit, pour marquer le rythme du jour et le rythme de la nuit à l'écoute de la Parole? 

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Deuxième question : quels gestes nous font vivre de la Parole ? Nous font vivre de la Parole tous ces gestes qui sont un fruit, c'est-à-dire une expression réelle de moi en relation avec les autres. Demandons-nous, chacun pour soi, et peut-être en commun les jours suivants, quels gestes nous font vivre de la Parole, quels gestes marquent en nous l'efficacité de la Parole que nous avons écoutée: ce geste de pardon, ce contrôle des sentiments en famille, ce contrôle de mes émotions, ce contrôle de l'imagination, de l'esprit, du corps, ce contrôle de tout ce qui peut être ma façon instinctive de réagir est un fruit de la Parole. Autrement dit, est-ce que j'exprime aussi dans mon corps que je suis nourri de la Parole, et que j'en vis? En bref: est-ce que je vis de la Parole? Quels gestes me font vivre de la Parole?

 

Prions ensemble Marie Immaculée qui a écouté en elle la Parole, pour qu'elle nous donne cette profonde expérience de joie intérieure d'où a jailli ce psaume. Que ce psaume aux mots si simples, aussi peu poétiques en apparence, nous apparaisse pour ce qu'il est, un cri du cœur de ceux qui ont compris que la Parole de Dieu - Dieu qui nous parle et se révèle à nous - est le tout de notre vie et est capable aujourd'hui encore de la changer.

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